Osez les ruches dans votre jardin !
Il n’y a pas si longtemps que ça, chaque ferme possédait son rucher. Il n’était pas rare également de voir des ruches au fond des jardins potagers. Peu à peu, l’apiculture de loisir, même si elle reste encore importante en France, a diminué.
Face à la disparition des abeilles, il est important de maintenir un bon maillage du territoire avec des ruches. Ceci favorise un bon brassage génétique et le maintien des souches indigènes adaptées au climat et à la flore locale.
J’ai toujours été attiré par les abeilles. Passionné par les superorganismes, je suis fasciné par l’organisation des grosses fourmilières et évidemment des abeilles.
Je n’ai donc jamais raté l’occasion d’observer les ruchers ou les colonies sauvages rencontrées dans ma région. Et le meilleur moyen d’observer facilement les abeilles reste encore de posséder ses propres ruches !
Je suis également parti de simples constatations : mes noisetiers en fleurs très tôt au printemps sont de moins en moins visités, mes arbres fruitiers, bien que fleurissant abondamment, sont de plus en plus mal pollinisés, faute d’insectes butineurs. Les allergies au pollen se développent, hors il a été démontré scientifiquement au Pays-Bas que l’abondance d’insectes butineurs, qui collectent une grande partie du pollen, qui est source de protéines pour eux, permettait la diminution du pollen dispersé et du nombre et de l’intensité des allergies.
Si vous avez quelques arbres fruitiers et un potager, le rôle des insectes butineurs, comme les bourdons et abeilles, est essentiel et leurs visites inlassables vous assureront des récoltes abondantes. Quand on sait que 80% des plantes ont besoin de ces insectes pour se reproduire, on comprend que le maintien de ces populations est primordiale. Vous connaissez tous cette célèbre phrase qu’on attribue probablement à tort à Einstein : « si l’abeille disparaît, l’humanité en a pour quatre ans à vivre » .
Si je n’ai pas fini de vous convaincre d’oser mettre une ou plusieurs ruches au fond de votre jardin, voici un argument qui devrait séduire les plus gourmands : outre son intérêt biologique, une ruche produira du miel que vous pourrez récolter plus ou moins abondamment certaines années.
Héberger des abeilles vous fera jardiner différemment : terminé les pesticides, les insecticides. Du coup vous vous intéresserez à d’autres insectes : papillons, bourdons, coccinelles. D’autres façon de jardiner et d’entretenir votre jardin : plantation de fleurs mellifères, laisser fleurir les pissenlits, mettre en jachère une partie de votre potager avec de la phacélie ou d’autres plantes, laisser une partie de votre pelouse en prairie naturelle fleurie au lieu de tondre à raz.
Si vous n’avez jamais eu de contacts avec les abeilles, avant de vous lancer, prenez le temps de lire quelques ouvrages sur l’apiculture, d’aller donner un coup de main chez un ou plusieurs apiculteurs -il y a autant de façon de conduire son rucher que d’apiculteurs-, de vous inscrire à un rucher école. Une fois que vous vous sentez prêt, lancez-vous ! Les formalités et les règles à respecter sont simples (articles L211-6, L211-7, L211-8 & L211-9 du code rural). Si votre assurance habitation ne couvre pas au moins en responsabilité civile l’apiculture de loisir, vous pouvez vous assurer en adhérent à un syndicat local d’apiculture ou en vous abonnant aux revues éditées par les 2 grands syndicats nationaux que sont l’UNAF et la SNA qui offrent une formule d’assurance.
Et puis, il y a le hasard parfois. J’avais dans l’idée d’avoir des ruches depuis longtemps, mais je ne franchissais pas le pas. Le destin en a décidé autrement lorsqu’un essaim s’est installé sur une branche de châtaigner dans le jardin. C’était le début d’une nouvelle aventure apicole.
Si un essaim s’installe chez vous, ne paniquez pas. Il est sans danger et les abeilles ne vous attaqueront pas, même si cela peut être impressionnant. Inutile d’engager une entreprise spécialisée pour le tuer, les abeilles sont d’ailleurs protégées en France. Il existe un réseau de cueilleurs d’essaim, dont je fais partie, qui viendront gratuitement et immédiatement, dans la mesure du possible, le récupérer. Il suffit juste d’indiquer la taille approximative et l’endroit où l’essaim s’est installé lors de votre appel pour que le matériel nécessaire soit préparé.
Je n’avais pas envie d’une apiculture compliquée, coûteuse en équipement. Ma préoccupation n’étant pas la production de miel à tout prix, j’ai voulu un système simple. C’est naturellement que j’ai opté pour la ruche Warré, une petite ruche qu’on ne rencontre pas souvent en rucher école ou chez les apiculteurs.
C’était donc l’occasion de tester et de me faire ma propre opinion de la ruche conçue par l’abbé Emile Warré, issue de ses observations et de sa volonté d’offrir à la population une ruche simple pour une apiculture populaire au sortir de la seconde guerre mondiale.