La saison des morilles 2015 approche dans mes secteurs. Il ne manque plus que quelques gouttes de pluie pour déclencher les premières pousses.
Cette année, je n’ai réalisé ni de véritables prospections, ni de visites de mes stations. J’en ai profité pour observer l’avancement de la végétation et me balader dans différents biotopes. J’ai cherché à savoir, en vain, pour la énième année, si les hygrophores de Mars fréquentaient le sol acide gréseux des Vosges Saônoises. Et puis, chemin faisant, j’ai découvert quelques secteurs qui pourraient être précieux pour la découverte de quelques morilles en 2015.
Si la neige et le froid ont été présents cet hiver, ils sont arrivés assez tardivement. Mais cela ne me semble pas rédhibitoire pour ce qui est de la pousse des morilles. Le processus est lent et complexe et n’a rien à voir avec celui d’autres champignons comme les cèpes par exemple.
Les sommets vosgiens restent discrètement bien enneigés.
La neige est toujours présente sous forme de plaques nombreuses dès 800 m d’altitude.
Les torrents et les sources ne sont pas à sec comme l’an dernier. Les mousses ont revêtues leur belle couleur verte.
Les pluie et la neige ont détrempé le sol et globalement je mesure un taux d’humidité dans le sol bien plus élevé que l’an dernier, même si la couche superficielle commence à se dessécher sérieusement.
Cet automne a été d’abord sec puis bien pluvieux, tout en restant doux, sans une arrivée prématurée de l’hiver, idéal pour une bon développement du mycélium. Puis les grosses périodes de gel sont arrivées à partir de décembre, permettant de « tuer » le développement des autres mycéliums. La morille n’aime pas la compétition. Je n’ai pas observé cet hiver la même explosion fongique que j’avais pu observer lors de l’hiver 2013-2014, année déplorable pour les morilles par ici.
Pluie glacée et neige en janvier et février ont assuré un bon lessivage du sol. En mars, les sols sont restés bien humides, il n’a pas fait si chaud qu’en 2014 où je me promenais en t-shirt et la bise, bien que présente, n’a pas soufflé pendant des jours et des jours stoppant toute pousse et asséchant le sol de façon dramatique au point de connaître des restrictions d’usage de l’eau dès le printemps.
Tout serait parfait du point de vue des morilles sauf une chose capitale : l’absence de pluie. Une pluie printanière bien fraîche pour lancer les pousses de morille et empêcher celle des autres champignons.
Je me suis attaché à visiter des secteurs plus humides, différents des autres années dans l’espoir de trouver des biotopes dans lesquelles les morilles et autres ascomycètes de printemps pourraient se plaire en cas de période sèche et/ou venteuse comme cela semble être de plus en plus fréquent. Cette technique m’avait permis de sauver en partie la saison passée grâce aux morillons.
J’ai donc prospecté des zones où je suppose que le calcaire n’est pas loin et où il fait quelques incursions dans le sol gréseux des Vosges. Ces remontées calcaires sont minuscules et absentes des cartes géologiques, mais certaines plantes et certains champignons sont de précieux indicateurs. Les pézizes écarlates, totalement absentes sur mon sol typiquement vosgien sont de précieuses indicatrices.
Et côté plantes, il en est de même pour les nivéoles – Leucojum vernum qui semblent apprécier les sols calcaires à peu acides.
Tandis que je ne rencontre la mercuriale que sur calcaire dans ma région, jamais sur sol alluvionnaire plutôt neutre, uniquement sur le calcaire du trias ou du jurassique.
Un peu plus loin, j’ai même pu rencontrer cette merveilleuse plante qu’est le bois-joli ou jolibois – Daphne mezereum, aux fleurs magnifiques et au parfum si délicat. Aucun doute sur la nature du sol calcaire lorsque je la rencontre.
En recherchant des secteurs à la fois, abrités, bien exposés et humides, j’ai réussi à trouver également l’ail des ours – Allium ursinum qui aime les terrains plutôt frais.
En combinant l’observation de toutes ces plantes, ces champignons et en observant la présence de frênes, de sapins pectinés, de noisetiers et de quelques épicéas, j’ai là tous les ingrédients nécessaires pour espérer rencontrer des morilles.
Toutes ces visites n’ont pas été réalisées innocemment. En effet, si la pluie est peu abondante et la saison des morilles très courte, il faudra perdre le moins de temps possible à prospecter.
Maintenant, pour savoir si j’ai eu raison avec ce changement de stratégie, il faut attendre la pluie. C’est de ces quelques gouttes que dépendra cette année encore toute la saison des morilles 2015 !