Et oui, il n’y a plus de saison ! Voilà que les cèpes d’été ont débarqué au cœur de l’été. Certains plus malins, les nomment d’ailleurs cèpes de mai. Dans mon secteur on devrait les appeler cèpes de juin !
Sauf cette année, canicule et sécheresse printanières ont différé leur pousse à fin juillet. Petit retour sur les cèpes d’été – Boletus aestivalis, un cèpe qui aime la chaleur et dont l’abondance alourdit rapidement votre panier.
Comme pour les autres cèpes, inutile de réaliser des recherches effrénées pour tenter d’en récolter quelques spécimens. Ils affectionnent les secteurs assez ensoleillés capables de retenir l’humidité. Une clairière, une lisière, un chemin forestier font souvent l’affaire pour en trouver. Par ici, je les cherche essentiellement dans les forêts de hêtres et de chênes où quelques résineux sont parsemés. Ils poussent souvent en compagnie des amanites rougissantes – Amanita rubescens, champignons plutôt thermophiles également.
Et tout comme le cèpe de Bordeaux – Boletus edulis, on le rencontre souvent à côté des premiers meuniers – Clitopilus prunulus.
Au tout début de leur pousse, ils cherchent des secteurs moussus où ils ont pu bénéficier d’un peu plus d’humidité et leur chapeau, toujours d’aspect un peu velouté ou légèrement pruineux arbore une jolie couleur, parfois châtain foncé. Selon certaines études, il pourrait s’agir pour ces derniers, d’une espèce à part entière.
Lorsqu’ils ont grandi, leur chapeau prend un joli teinte café au lait. Si la sécheresse revient rapidement, leur chapeau commence à se craqueler. Au moins adultes, il est facile de les distinguer des autres cèpes avec son gros réseau blanc sur tout le pied, ce qui lui a valu son autre nom, le cèpe réticulé – Boletus reticulatus. Je n’en fais cependant pas l’unique critère de détermination car les cèpes de Bordeaux ont parfois aussi ce réseau. Souvent une simple vue de la chair sous la cuticule permet de constater l’absence de couleur rosée. Et un coup de couteau pour nettoyer le pied juste avant de le déposer dans mon panier me conforte dans ma détermination car ce cèpe possède une chair légèrement moins ferme que les autres cèpes nobles.
Leur pousse est souvent massive et rapide. Vous n’aurez donc aucun mal à vous faire plaisir et à remplir votre panier. On les trouve couramment en grand nombre. J’ai pu en compter près d’une quarantaine sur la même ligne. Encore petits, on peut les trouver en groupe serré. Plus gros, on les trouve couramment par 2 ou par 3.
Ce n’est généralement pas un sol caillouteux qui lui fait peur. Et encore moins un terrain pentu qui l’empêche de pousser…
En tout cas, si vous envisagez d’en ramasser, il faut vous dépêcher car malheureusement, les cèpes d’été sont vite véreux. J’ai pris l’habitude de ne m’intéresser qu’aux jeunes spécimens à la « mousse » bien blanche, de tâter le pied pour connaitre sa fermeté. Tout ça me permet d’éviter que ma séance de ramassage ne se transforme en saucissonnage systématique de la base du pied jusqu’au chapeau pour m’apercevoir qu’en fin de compte ce cèpe était entièrement véreux !
Avec un peu d’habitude, il est facile de réaliser un joli panier de jolis cèpes, jeunes et non véreux, pour se faire plaisir, toujours en gardant de la place car les cèpes d’été ne sont que les premières victimes de nombreuses et fructueuses cueillettes.
Outre l’assaut des vers, les cèpes d’été subissent rapidement l’attaque des limaces et des bousiers qui n’ont pas manqué de déchiqueter et dévorer le spécimen de droite.
Malgré ces inconvénients, j’ai toujours plaisir à aller ramasser les cèpes d’été. Il est vrai qu’avec quelques lardons, en fricassé, c’est un régal. Mais lorsque je les observe, je ne peux m’empêcher d’admirer leur port, leur majestuosité, leur façon d’être et leur raison d’être.
C’est probablement tout simplement parce qu’ils sont beaux que les cèpes et les autres champignons me fascinent depuis plus de 40 ans ! Et vous, ça vous a pris quand ?