Le miel c’est le temps fort de l’apiculture. Produit naturellement par vos abeilles, votre récompense sera un miel délicieux facile à extraire.
Le miel est le produit phare de vos ruches. Sa récolte, en apiculture naturelle, demande assez peu de moyens. Je vous décris ici quelques méthodes simples d’extraction et les différents miels que je parviens à obtenir grâce à mes ruches Warré.
Quels types de miel obtient-on en apiculture naturelle avec les ruches Warré ? D’abord du miel de brèche, aussi appelé miel en section. Il s’agit du miel laissé dans les alvéoles de cire que les abeilles ont construites. Une fois le nectar transformé en miel et le surplus d’humidité évaporé par les abeilles, celles-ci operculent les alvéoles avec une membrane de cire qui assure sa protection et sa conservation.
C’est le miel des gourmands et des connaisseurs, c’est aussi la façon de conserver le miel la plus naturelle qui soit. Pour le consommer, il suffit de casser l’opercule et de laisser couler le miel. Les plus gourmands mâchent également la cire blanche très fine avec le miel qu’elle contient comme un bonbon ou un chewing-gum. C’est une façon de consommer le miel encore très répandue dans certains pays où les essaims naturels abondent. Dans mes ruches, je produis ce type de miel en utilisant des demi-hausses. Les abeilles les investissent rapidement en cas de miellée, construisent très vite des cires bien blanches pour y stocker le miel.
On obtient également un miel délicieux, le miel d’écoulement, parfois aussi appelé miel vierge. C’est un miel qui s’obtient en désoperculant les cires, le miel s’écoule alors naturellement comme de l’eau, sans aucun moyen d’extraction. C’est un miel quasiment introuvable en vente de nos jours.
Tous les arômes sont alors conservés. Il est possible en apiculture naturelle de l’extraire facilement sans casser les rayons de miel très fragiles. La hausse avec les cires construites contenant les restes de miel peut alors être redonnée aux abeilles pour y stocker à nouveau du miel ou pour installer un nouvel essaim où la reine pourra pondre rapidement. Cette technique fera l’objet d’un article à part car curieusement, je ne vois jamais ce sujet traité sur la toile.
Voici une façon simple de récupérer votre miel : le broyage. La technique est simple et ancestrale. On broie les rayons de miel. Les plus courageux et les plus gourmands le font avec les mains et se lèchent les doigts. Sinon on peut le broyer avec une fourchette ou avec un couteau. La cire grossièrement broyée mélangée au miel est alors déposée sur un double tamis qui permettra par simple gravitation de le filtrer.
Une variante de cette technique que je ne pratique pas, est de déposer les cires broyées contenant le miel dans une étamine, un tissu de filtration comme celui utilisé pour la réalisation des gelées de confiture. Certains utilisent des broyeurs mécaniques mais je ne préconise pas cette solution car ces broyeurs cassent les rayons trop finement, les impuretés ont alors tendance à boucher les filtres. Par ailleurs, je ne suis pas certain que cette bouillie obtenue par broyage ne dénature pas le miel en lui donnant un goût plus prononcé de cire ou en changeant sa consistance. Il est possible de broyer les cires contenant le miel en utilisant des moyens mécaniques différents et efficaces. Je vous en exposerai un lors d’un prochain article.
Le dernier miel extrait est en fait un sous-produit de la méthode d’extraction précédente. Il s’agit du miel obtenu par pressage des cires. On peut utiliser cette technique pour extraire tout son miel mais cette technique est longue et nécessiterait beaucoup de matériel ou une presse géante si vous avez beaucoup à récolter. Je transporte mes hausses de miel dans de gros sacs poubelle noirs. Il faut évidement veiller à ne pas les laisser en plein soleil ! le but est de conserver sa température au miel. Ainsi maintenu au chaud, il conserve sa fluidité en attendant son extraction. S’il ne peut pas être extrait tout de suite, parce d’autres hausses sont en attente d’extraction, je les stocke dans un petit local dans lequel j’ai aménagé de gros cartons d’électroménager dans lesquels je souffle de l’air chaud maintenant une température moyenne de 35°C. Cela évite également au miel de reprendre de l’humidité tout en conservant sa fluidité. J’utilise également cette technique pour filtrer mon miel obtenu par broyage. En principe, je récupère ainsi 90% du miel contenu dans les cires au bout de 24h. Les cires contenant les 10% restant peuvent être, au choix de l’apiculteur, redonnées aux abeilles qui récupèreront le miel restant ou être pressées. les cires sont simplement versées dans le pressoir et pressées lentement.
Le miel s’écoule alors. Généralement, ce miel est plus fort en goût, notamment de cire, je le réserve au nourrissage de mes colonies pour le candi ou le sirop mais il est parfaitement consommable tel quel ou il peut être utilisé en cuisine ou en pâtisserie.
Je ne suis pas dans une région où une espèce végétale domine. C’est une région de forêts essentiellement. Cependant j’ai remarqué qu’il y avait quelques pics de floraison assez courts provoquant des miellées relativement importantes et j’ai longtemps cherché comment produire du miel monofloral. Je ne sais pas encore si cela sera possible par ici, mais cette année, j’ai donné à mes abeilles des demi-hausses à construire, puis je les ai obligées à vider ces demi-hausses pour les récupérer. Ces demi-hausses devraient permettre l’année prochaine, si la météo est favorable, d’être placées en cas de forte miellée d’un type de plante, et de réaliser une récolte de miel monofloral.
Plutôt que de tout mélanger, j’ai opté pour l’utilisation de plusieurs petits maturateurs et plusieurs filtres afin de ne pas mélanger les différents miels des différentes ruches ou ruchers. Chaque rucher ayant son propre environnement, les miels diffèrent et chaque ruche n’ayant pas forcément les mêmes zones de butinage, cela permet de bien les différencier. C’est également important si vous nourrissez vos abeilles au miel d’avoir une certaine traçabilité en cas de maladie. Vous n’êtes bien sûr pas obligés de suivre cette façon de faire.
Une fois le miel filtré, celui-ci n’ayant pas été centrifugé, il y a très peu d’impureté dans le maturateur et il peut être rapidement être mis en pot après 24 ou 48 heures, un peu d’écume à la surface du pot ne me gêne guère.
Il sera conservé à température constante, dans des pots hermétiques, dans un endroit sec à l’abri de la lumière. Le miel continue d’évoluer même dans les pots et il finira par cristalliser plus ou moins grossièrement.
Par habitude, je redonne les cires et le matériel ayant servi à l’extraction, à lécher aux abeilles, ainsi rien ne se perd. Je fais surtout attention à ne pas mettre de grosses quantités et jamais à proximité des ruches afin de ne pas déclencher de frénésie alimentaire qui se traduit sur le lieu du léchage par des bagarres entre abeilles et au rucher par un risque de pillage, les abeilles attirées par le miel cherchant alors à piller les réserves de miel des ruches les plus faibles. C’est un phénomène que je constate au moins une fois par an par ici l’été lors de famine déclenchée par des récoltes inappropriées réalisées par d’autres apiculteurs sur d’autres ruchers.
Le miel n’est pas le seul produit issu de mes ruches. Je récupère un mélange de cire et de propolis qui réchauffé et ramolli au soleil me permet de frotter l’intérieur des éléments neufs des ruches. Je ne passe plus l’intérieur de mes ruches à la flamme.
La propolis presque pure est stockée pour soigner les petits bobos, c’est un puissant anti-fongique et anti-septique, un composé chimique complexe fabriqué par les abeilles à base de résines dont elles tapissent l’intérieur des ruches et les moindres interstices.
Et enfin je récupère la cire qui me servira à amorcer de nouvelles barrettes et à réaliser des feuilles de cire. Les ruches Warré en produisent assez peu, en cas de surplus, la cire peut être utilisée pour des bougies, chauffe-plat, produits de soin, produits d’entretien et de protection.
Mon miel n’est pas chauffé, filtré jusqu’à en éliminer le pollen, assemblé avec d’autres pour obtenir un produit homogène destiné à la grande distribution, qui plaira à tous, et encore moins pasteurisé, réchauffé, malaxé ou centrifugé. Il n’a pas d’origine douteuse, il est issu d’un processus entièrement naturel. Il est qualitativement à mille lieux de celui proposé par la grande distribution et certains producteurs peu scrupuleux comme l’a démontré récemment ce reportage.
Et à ce titre, cela en fait objectivement le meilleur miel du monde, mais cela, si vous êtes apiculteur, vous le savez déjà !