Morilles 2013 : prospection du samedi 13 avril

Ce samedi, je ne prospectais pas les morilles sur mes secteurs, mais, sur l’invitation d’un internaute, sur un secteur collinéen calcaire à côté de Besançon.

Ce samedi, je ne prospectais pas les morilles sur mes secteurs habituels.

En effet, j’avais été invité par un internaute à venir prospecter dans un secteur collinéen typiquement calcaire du massif du Jura à côté de Besançon.

Ayant parcouru ce département pendant de nombreuses années, c’est avec joie que j’avais accepté. Nous nous rendîmes donc sur ses secteurs habituels de prospection aux morilles dans l’espoir de voir les premières morilles communes de l’année, ce qui était possible grâce à la pluie tombée les précédents jours et à une relative douceur.

Le secteur est caractéristique des secteurs à morille sur terrain calcaire : nombreux frênes, lierre terrestre, noisetiers, ficaires fausse-renoncule, ail des ours parfois très dense.

Nous ne tardâmes pas à faire une première rencontre avec quelques petites pézizes rouges.

Une belle petite pézize rouge (au sens large) que l'on trouve souvent en zone calcaire sur des stations à morilles.
Une belle petite pézize rouge (au sens large) que l’on trouve souvent en zone calcaire sur des stations à morilles.

Un peu plus tard, nous découvrîmes cet étrange champignon en forme de coupe monté sur un court pied. Il s’agissait de sclérotinies tubéreuses – Dumontinia tuberosa.

Sclérotinie tubéreuse - Dumontinia tuberosa à proximité d'une anémone sylvie dont le stipe s'enfonçant dans le sol parasite le tubercule de la plante.
Sclérotinie tubéreuse – Dumontinia tuberosa à proximité d’une anémone sylvie dont le stipe s’enfonçant dans le sol parasite le tubercule de la plante.
Sclérotinie tubéreuse - Dumontinia tuberosa, vue de la coupe, avec un peu d'eau encore présente.
Sclérotinie tubéreuse – Dumontinia tuberosa, vue de la coupe, avec un peu d’eau encore présente.

En fait, même si le stipe semble très court, il s’enfonce très profondément jusqu’à atteindre les tubercules des anémones des bois ou anémones sylvie – Anemone nemorosa.

Anémone des bois ou anémone sylvie - Anemone nemorosa, dont le tubercule est souvent parasité par la sclérotinie tubéreuse - Dumontinia tuberosa.
Anémone des bois ou anémone sylvie – Anemone nemorosa, dont le tubercule est souvent parasité par la sclérotinie tubéreuse – Dumontinia tuberosa.

Ce champignon atteint rarement plus de 3 cm. Parfois de couleur plus foncée, il peut être confondu par des ramasseurs de champignons étourdis avec de jeunes exemplaires de pézizes veinées.

Une belle colonie de sclérotinies tubéreuses - Dumontinia tuberosa, plus foncées, elles sont parfois confondues par des ramasseurs pressés avec de jeunes pézizes veinées.
Une belle colonie de sclérotinies tubéreuses – Dumontinia tuberosa, plus foncées, elles sont parfois confondues par des ramasseurs pressés avec de jeunes pézizes veinées.

Un peu plus loin, nous aperçûmes nos premières petites pézizes veinées – Disciotis venosa. Nous explorâmes une bonne partie du secteur avant d’apercevoir sur le versant opposé, un bosquet qui paraissait mieux exposé. Nous nous y rendîmes au retour. Ce bosquet semblait a priori impénétrable en raison d’églantiers, de ronces et de nombreux prunelliers. Nous profitâmes d’un peu d’espace pour explorer cette station potentielle. Elle était bien protégée du vent, bien exposées au soleil, on y trouvait aussi bien des secteurs très humides et moussus que des zones herbeuses plus sèches. Nous ne mîmes pas longtemps avant de faire toute une série de belles découvertes. Tout d’abord, de belles stations de grosses pézizes veinées.

Une jolie station de pézizes veinées ou oreilles de cochon - Disciotis venosa.
Une jolie station de pézizes veinées ou oreilles de cochon – Disciotis venosa.
Pézize veinée ou oreille de cochon - Disciotis venosa, deux spécimens avec une jolie forme qui leur ont valu leur nom populaire d'oreille de cochon.
Pézize veinée ou oreille de cochon – Disciotis venosa, deux spécimens avec une jolie forme qui leur ont valu leur nom populaire d’oreille de cochon.
Pézize veinée ou oreille de cochon - Disciotis venosa, spécimen avec encore sa forme en coupe
Pézize veinée ou oreille de cochon – Disciotis venosa, spécimen avec encore sa forme en coupe
Pézize veinée ou oreille de cochon - Disciotis venosa, un spécimen bien étalé, présentant ses veines caractéristiques, lui valant son nom officiel.
Pézize veinée ou oreille de cochon – Disciotis venosa, un spécimen bien étalé, présentant ses veines caractéristiques, lui valant son nom officiel.

Sur un gros sureau mort, nous eûmes la chance de découvrir une impressionnante colonie d’oreilles de Judas de fort belle taille.

Une impressionnante colonie d'oreilles de Judas - Auricularia auricula-judae sur un ancien sureau.
Une impressionnante colonie d’oreilles de Judas – Auricularia auricula-judae sur un ancien sureau.
De jolies oreilles de Judas - Auricularia auricula-judae, dont le dessus du chapeau à un bel aspect feutré.
De jolies oreilles de Judas – Auricularia auricula-judae, dont le dessus du chapeau à un bel aspect feutré.
De grosses oreilles de Judas - Auricularia auricula-judae. Vue par dessous et avec un peu de transparence, les nervures ressemblant à celle d'une oreille apparaissent clairement.
De grosses oreilles de Judas – Auricularia auricula-judae. Vue par dessous et avec un peu de transparence, les nervures ressemblant à celle d’une oreille apparaissent clairement.

Soudain, sur un secteur bien exposé, légèrement plus pentu, nous aperçûmes une petite boule sortant de terre, puis plusieurs autres plus petites. Après en avoir prélevé un spécimen, le plus gros qui mesurait à peine plus de 2 centimètres, et en avoir aperçu le stipe orangé, je pensais être en présence d’une verpe que je crois être assez rare et pour laquelle je dispose de très peu de documentation. Je pense qu’il s’agit très probablement de Verpa pusilla (Quélet), une petite verpe calcicole. Je ne manquerai pas de vous informer des suites de cette découverte originale.

Verpa pusilla probablement, un petite verpe qui dépasse à peine 2 cm et dont seul le chapeau apparaît, le stipe ne grandissant jamais.
Verpa pusilla probablement, un petite verpe qui dépasse à peine 2 cm et dont seul le chapeau apparaît, le stipe ne grandissant jamais.
Un petit exemplaire de Verpa pusilla, probablement, d'à peine un centimètre et demi.
Un petit exemplaire de Verpa pusilla, probablement, d’à peine un centimètre et demi.
Verpa pusilla, probablement. On aperçoit le stipe orangé qui ne grandira pas pour ce spécimen adulte.
Verpa pusilla, probablement. On aperçoit le stipe orangé qui ne grandira pas pour ce spécimen adulte.

Nous continuâmes nos prospections sans jamais rencontrer de morilles, la pousse n’ayant pas encore démarré sur ces secteurs mais d’autres rencontres nous attendaient : avec un paysan, avec un chamois affairé à brouté, aperçu furtivement.

Même si nous n’avons rien cueilli, cette journée fût une réussite, pleine de découvertes, de rencontres et riche en conversations, au point où j’en oubliais l’heure de mon train de retour…

Je remercie chaleureusement Laurent et son épouse pour leur accueil.