Ce samedi, je ne prospectais pas les morilles sur mes secteurs habituels.
En effet, j’avais été invité par un internaute à venir prospecter dans un secteur collinéen typiquement calcaire du massif du Jura à côté de Besançon.
Ayant parcouru ce département pendant de nombreuses années, c’est avec joie que j’avais accepté. Nous nous rendîmes donc sur ses secteurs habituels de prospection aux morilles dans l’espoir de voir les premières morilles communes de l’année, ce qui était possible grâce à la pluie tombée les précédents jours et à une relative douceur.
Le secteur est caractéristique des secteurs à morille sur terrain calcaire : nombreux frênes, lierre terrestre, noisetiers, ficaires fausse-renoncule, ail des ours parfois très dense.
Nous ne tardâmes pas à faire une première rencontre avec quelques petites pézizes rouges.
Un peu plus tard, nous découvrîmes cet étrange champignon en forme de coupe monté sur un court pied. Il s’agissait de sclérotinies tubéreuses – Dumontinia tuberosa.
En fait, même si le stipe semble très court, il s’enfonce très profondément jusqu’à atteindre les tubercules des anémones des bois ou anémones sylvie – Anemone nemorosa.
Ce champignon atteint rarement plus de 3 cm. Parfois de couleur plus foncée, il peut être confondu par des ramasseurs de champignons étourdis avec de jeunes exemplaires de pézizes veinées.
Un peu plus loin, nous aperçûmes nos premières petites pézizes veinées – Disciotis venosa. Nous explorâmes une bonne partie du secteur avant d’apercevoir sur le versant opposé, un bosquet qui paraissait mieux exposé. Nous nous y rendîmes au retour. Ce bosquet semblait a priori impénétrable en raison d’églantiers, de ronces et de nombreux prunelliers. Nous profitâmes d’un peu d’espace pour explorer cette station potentielle. Elle était bien protégée du vent, bien exposées au soleil, on y trouvait aussi bien des secteurs très humides et moussus que des zones herbeuses plus sèches. Nous ne mîmes pas longtemps avant de faire toute une série de belles découvertes. Tout d’abord, de belles stations de grosses pézizes veinées.
Sur un gros sureau mort, nous eûmes la chance de découvrir une impressionnante colonie d’oreilles de Judas de fort belle taille.
Soudain, sur un secteur bien exposé, légèrement plus pentu, nous aperçûmes une petite boule sortant de terre, puis plusieurs autres plus petites. Après en avoir prélevé un spécimen, le plus gros qui mesurait à peine plus de 2 centimètres, et en avoir aperçu le stipe orangé, je pensais être en présence d’une verpe que je crois être assez rare et pour laquelle je dispose de très peu de documentation. Je pense qu’il s’agit très probablement de Verpa pusilla (Quélet), une petite verpe calcicole. Je ne manquerai pas de vous informer des suites de cette découverte originale.
Nous continuâmes nos prospections sans jamais rencontrer de morilles, la pousse n’ayant pas encore démarré sur ces secteurs mais d’autres rencontres nous attendaient : avec un paysan, avec un chamois affairé à brouté, aperçu furtivement.
Même si nous n’avons rien cueilli, cette journée fût une réussite, pleine de découvertes, de rencontres et riche en conversations, au point où j’en oubliais l’heure de mon train de retour…
Je remercie chaleureusement Laurent et son épouse pour leur accueil.