Début octobre, je constate qu’en France, et pas uniquement dans le sud, les ramasseurs trouvent des cèpes d’été et des cèpes bronzés ou tête de nègre.
Alors que l’on trouve ici les cèpes de Bordeaux en abondance, je décide un soir de visiter une de mes stations qui produit habituellement à partir de juin. Il faut dire qu’avec le printemps bizarre que l’on a connu cette année, j’ai été déçu par l’absence des cèpes bronzés, les fameux Boletus aereus. Les cèpes d’été ont été présents de mi-juin à fin juillet sans que cela ne soit une saison exceptionnelle.
Le biotope visité ce soir du 1er octobre est classique : une forêt assez claire constituée pour l’essentiel de gros hêtres et chênes, à la fois ensoleillée et protégée du vent. Ce secteur est habituellement assez visité mais il donne la tendance des pousses en cours.
Nous ne sommes pas déçus. En l’espace d’une heure, nous réalisons une cueillette honorable de girolles, de cèpes bronzés et de cèpes d’été. je remarque que, lorsqu’ils poussent ensemble, dans des lignes imbriquées, leur différenciation n’est pas si aisée que cela : leur variation dans les couleurs du chapeau et du stipe ainsi que dans l’étendue du réseau demande une attention particulière. Le test du couteau fera la différence et démêlera les espèces, le cèpe bronzé ayant une chair bien plus dure et d’une blancheur immaculée sans rapport avec celle des autres cèpes nobles.
Rendez-vous est pris pour le lendemain pour une visite dans un coin de forêt peu fréquenté. Chemin faisant, nous constatons que le bouche-à-oreille a fonctionné ce 2 octobre, les « sapinières » situées au bord des routes sont visitées par de nombreux ramasseurs qui profitent de cette première grosse pousse de cèpes de Bordeaux. Les forêts de feuillus sont moins fréquentées, pourtant les cèpes de Bordeaux sont bien là, majestueux et dodus…
Sans vraiment chercher, notre panier se remplit vite. Cèpes d’été – Boletus aestivalis et cèpes bronzés sont présents.
C’est alors que nous tombons sur une station extraordinaire où une densité remarquable de ces deux espèces de cèpes sont présents. Alors que le panier est déjà rempli, nous cueillons cette station. La forêt à cet endroit est condamnée par une future coupe à blanc au profit de plantations plus rentables. Encore un bout de forêt franc-comtoise qui s’apprête à disparaître dans l’indifférence générale.
Vous pouvez avoir un aperçu de ce merveilleux secteur dans cette vidéo qui, je l’espère, montre toute la magie de ce lieu et de cette récolte.
Ayant ramassé suffisamment et très probablement ayant dépassé la limite autorisée, nous poursuivons notre promenade vers une pessière où aucun ramasseur de champignons ne vient jamais du fait de son isolement et de son manque d’accessibilité. Nous ne sommes pas déçus encore une fois du spectacle, elle est littéralement envahie de cèpes de Bordeaux de toute taille. Ceux-ci resteront sur place…
Si tard dans la saison, la présence en nombre et en qualité des cèpes d’été et des cèpes bronzés est une divine surprise.
Ce fut une journée magique ponctuée de moments intenses et c’est avec beaucoup de regret et de nostalgie que j’abandonne ce coin de forêt à l’industrie forestière et à la sylviculture …