Finalement ma première sortie aux morilles se fera accompagné de 2 guides et pas des moindres !
Pour cette première véritable sortie de la saison 2016, nous étions guidés par Gilbert Moyne, mycologue, spécialiste de la morille « noire » et l’un de ses amis.
Nous prenons donc la direction des plateaux calcaires du Haut-Doubs pour cette chasse aux morilles coniques parmi les sapins, les épicéas et quelques plaques de neige.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Gilbert Moyne est l’un de nos grands mycologues franc-comtois. D’abord passionnés par les morilles, il s’est rapidement intéressé aux autres champignons pour devenir un mycologue confirmé au sein de la Société d’Histoire Naturelle du Doubs. Il a en outre collaboré à l’inventaire des champignons franc-comtois, à l’élaboration de la liste rouge, écrit ou collaboré à l’écriture d’articles sur de nombreuses espèces fongiques. Vous pouvez également retrouver certains de ses clichés sur des sites de mycologie comme MycoDB.
Les livres décrivant l’ambiance particulière de certaines activités extérieures comme la chasse, la pêche et la cueillette des champignons ne sont pas si courants que cela. Quand je pense pêche, je ne peux m’empêcher de me remémorer les nouvelles d’auteurs comme Jo Nivers ou Henri Limouzin et l’inévitable René Fallet pour me retrouver « les pieds dans l’eau » !
Quand je pense champignons, et morilles plus particulièrement, Le Morillou des Granges-Maillots me revient immédiatement à l’esprit. C’est un livre unique, bourré d’anecdotes, qui vous plonge dans cette ambiance particulière de la traque aux petites noires comme on dit par ici.
Inutile de courir en librairie, le livre est épuisé depuis longtemps. On le trouve parfois d’occasion sur internet. On le trouve facilement en prêt dans les bibliothèques franc-comtoises. Si vous le dénichez chez un bouquiniste, surtout ne ratez pas l’occasion de vous l’offrir.
Nous nous rendons sur une première petite zone où les morilles, d’une jolie couleur grise quand elle commence à pousser, ont décidé de profiter de l’abri chaud et humide que leur offre la roche calcaire affleurante.
Les morilles qui poussent sur ces roches sont de véritables montagnardes et offrent un spectacle époustouflant, jusqu’à pousser le chapeau vers le bas.
Peu de temps après, nous découvrons la plus grosse morille de la journée. Elle a profité d’un ancien muret en pierre pour y trouver refuge. Ce n’est pas une première pour moi, mais c’est un biotope que j’ai souvent négligé alors que nous avons déjà trouvé des colonies impressionnantes de morillons dans de gros tas de cailloux. Ces roches offrent protection contre la bise, gardent l’humidité et diffusent leur chaleur emmagasinée lors des journées ensoleillées.
Un peu plus tard et plus classiquement, nous faisons les bordures d’herbe rase, d’herbe sèche juste à la tombée des branches de sapin et d’épicéa.
Gilbert me montre une station sous les fougères encore sèches à cette période, un habitat que peu de chercheurs oseraient fréquenter.
Beaucoup de morilles sont encore petites. Elles ont subi l’assaut de la bise, le manque de pluie et quelques gelées sévères. Mais nous apprenons beaucoup sur les différentes espèces ou variétés de morilles coniques en relation avec leur habitat, sur l’importance de la luminosité, la nécessité de progresser lentement et de prendre le temps de regarder.
En prospectant, j’en trouve une. Nous sommes 5 à la regarder, à fouiller attentivement du regard les environs. Nous partons, nous revenons un peu plus tard pour en trouver 2 autres à peine à quelques centimètres de la première qui nous avaient échappé.
Sur un ancien chemin de débardage, à proximité de myrtilliers, nous en découvrirons plusieurs qui ont décidé de pousser au milieu d’une ligne d’hygrophores de Mars.
C’est une première pour moi, jamais je n’aurais imaginé que ces 2 champignons puissent se côtoyer et fréquenter le même biotope.
Au terme d’une journée riche en enseignement, notre maître pour la journée pousse un petit cri de joie. Lors d’une ultime prospection, Gilbert Moyne vient de dénicher une nouvelle station de quelques morilles sur une bordure. L’œil et l’expérience du maitre ont parlé.
Avec un ami, avant de rentrer, nous prospectons rapidement quelques sapins. J’en trouve une ! C’est bon, la leçon a été assimilée…
Bonne saison et bonne chasse aux morilles à tous !