De retour en Franche-Comté la première décade d’avril, je pensais que la saison des morilles battrait son plein.
Mais il n’en était rien. La pousse des premières morilles était timide à inexistante. Mars a de nouveau été chaud, sec et venteux. De bonnes pluies sont enfin arrivées fin mars, me redonnant espoir. Mais de fortes gelées et la bise ont asséché les stations des Vosges saônoises. Résultat : aucune de mes stations à basse altitude de morilles coniques n’a produit la moindre morille comme en 2014.
Si en 2014 j’ai été pris de court, cette année, j’ai anticipé ce type d’aléa météorologique qui semble devenir la norme. J’ai cherché et visité de nouveaux secteurs qui pourraient s’avérer productifs comme je vous l’ai expliqué dans mon billet précédent sur l’avant-saison, sachant que je disposerais de peu de temps pour prospecter en saison. Ces secteurs combinent humidité importante, protection contre le vent et les gelées et bonne exposition.
Cette stratégie a été payante, mais il m’a fallu patienter car ce n’est qu’après un épisode quasi-caniculaire en avril et une alternance de pluies, parfois orageuses et de belles journées ensoleillées que mes sorties ont commencé à être fructueuses et intéressantes.
Certaines sorties, mêmes courtes se sont révélées fructueuses.
Plutôt que de longs discours, je vous présente une compilation photographique commentée de quelques morilles et autres champignons.
Cette saison je n’ai pas encore rencontré de gros bouquet de morilles comme on peut en trouver les bonnes années. Souvent les morilles sont dispersées, peu nombreuses ou moins nombreuses que ce qu’on pourrait espérer sur certaines stations. Mais toujours élégantes…
Si la morille a la réputation d’être capable de faire preuve d’un mimétisme remarquable avec son environnement, force est de constater que parfois, il est difficile de ne pas la remarquer dans des biotopes qui semblent désertiques ou tout au moins dépourvu de toute végétation.
On retrouve de grands classiques « morillesques » : la morille cachée sous une branche.
Ou carrément à côté des branches qui ont servi d’abri.
Parfois, seule la végétation au sol sert d’abri.
Comme je vous l’ai déjà dit, je n’ai pas trouvé de grappes. Elles sont plutôt rares par ici, souvent signe d’une grande saison de morilles.
J’ai pu néanmoins observer de jolis duos, avec une préférence pour celui-là, une belle morille et une morille juvénile qui pousse tranquillement à ses côtés.
Ce que j’aime par dessus tout lorsqu’on traque les morilles, ce sont les agréables surprises qu’elles sont capables de nous offrir. J’aime porter mon regard au raz du sol, parfois totalement caché par la végétation, de beau trésor se cache comme cette magnifique morille.
D’abord le regard balaie lentement les yeux, puis d’un seul coup, il est accroché par une silhouette familière.
J’en vois une, je me baisse…
… et puis soudain, comme par magie, les autres m’apparaissent.
Et puis il y a ces moments de plaisir intense lorsque les morilles décident de pousser ensemble et d’offrir une belle densité.
Enfin, il y a ces petits moments de déception sur le coup, parce qu’on découvre une vieille morille trop âgée pour être ramassée. Et réflexion faite, facile à voir comme elle l’est, on se dit que c’est là le signe que son secteur n’a pas été découvert par d’autres « morillous ». C’est finalement une bonne nouvelle.
Il y a toutes celles qu’on n’a pas vues, qu’on n’a pas su dénicher ou qui ont poussé avant qu’on arrive. Pas de regret, elles serviront à la reproduction et à faire prospérer ses stations pour les prochaines saisons.
Toutes ces promenades m’ont permis de mieux faire connaissance avec cet étrange champignon : la pézize veinée – Disciotis venosa ou encore oreille de cochon. J’ai pu faire un suivi de pousse pendant plusieurs jours. Elle fera l’objet d’un billet à part.
La saison à basse altitude se termine tranquillement. Il y a eu un petit pic de pousse, celui-ci à eu lieu assez tardivement. Les récoltes sont restées honorables sans être extraordinaires.
Déjà la saison des morillons arrive en plaine. Souvent négligé et peu estimé, le morillon – Mitrophora semilibera fait désormais partie de la grande famille des morilles après étude de son ADN et a pris le nouveau nom de Morchella gigas. Je vous en parlerai plus longtemps un peu plus tard.
Peut-être aurons-nous si la météo est favorable une belle arrière-saison avec les grosses morilles blondes et les morillons. Sinon, pour prolonger le plaisir et la saison, il faudra prendre de l’altitude.
Réponse dans quelques semaines…