Que nous réserve la saison des morilles 2014 ?

Températures hivernales douces, hiver en novembre, printemps en avance… Difficile de se faire une idée de ce que la saison des morilles pourrait être !

Une jeune morille conique - Morchella conica, en train de pousser grâce à la pluie.

Températures hivernales exceptionnellement douces, l’hiver en novembre, le printemps en avance… Difficile de se faire une idée, dans ces conditions, de ce que la saison des morilles pourrait être !

Il y a tant de paramètres à prendre en compte que mes archives se révèlent, dans ce désordre météorologique apparent, d’une aide particulièrement précieuse. Surtout que nous approchons, sur mon secteur, des dates habituelles des premières pousses de morilles coniques.

Les Vosges saônoises sont plutôt froides, en tout cas bien plus froides que le reste du département, mais grâce à la barrière naturelle des montagnes, elles reçoivent un peu plus de pluie que l’ouest du département. Si l’on compare ce micro-climat avec celui du Haut-Doubs calcaire voisin, celui-ci est bien plus chaud. Généralement, lorsque j’entends parler des premières morilles coniques sur les plateaux du Haut-Doubs entre 700 et 900 mètres d’altitude, mes stations entre 350 et 400 mètres n’ont encore rien produit ou montrent à peine les premiers prémices de pousse.

La morille étant un champignon printanier, elle subit le climat changeant caractéristique de cette période de l’année où les conditions météorologiques oscillent entre l’hiver qui s’en va et le printemps qui se fait désirer.

Une jeune morille conique - Morchella conica, en train de pousser grâce à la pluie.
Une jeune morille conique – Morchella conica, en train de pousser grâce à la pluie.

Je laisse pour l’instant de côté les conditions automnales et hivernales pour me concentrer sur mes observations printanières :

– 2011 : belles journées en mars puis détérioration du temps, assez pluvieux, tout en restant assez doux, suivi d’un ensoleillement excessif combiné à des journées venteuses : la pousse des morilles coniques stoppe d’un coup, les morilles en pleine croissance sèchent sur pied.

– 2012 : belles journées en mars, temps classique de giboulées, net réchauffement et températures excessives. Les premières coniques sortent dans une relative sécheresse. Alors que je crois la saison compromise, un net rafraichissement et du gel suivis de bonnes pluies permettent de très jolies cueillettes.

– 2013 : temps idéal : neige qui fond lentement, réveil végétatif progressif. Mais alors que tout semble parfait, un anticyclone nous prive de pluie, nous restons sous un ciel gris pendant près de 3 semaines et pour couronner le tout, une bise persistante et constante dessèche le sol. Les morilles peinent à sortir et ce n’est que grâce à de petites pluies que quelques maigres récoltes peuvent être réalisées.

– 2014 est une année particulière car l’hiver a débuté comme les autres années avec les premières neiges et grands froids en novembre. Classiquement, nous avons subi un redoux dans la seconde partie de décembre. Mais cette fois, l’hiver n’a pas réalisé de nouvelles offensives comme habituellement en janvier et février. Les giboulées de mars ont été peu nombreuses. La neige de printemps a été inexistante pour l’instant. Elle peut revenir jusqu’en avril même en plaine. En contre-partie, nous avons subi une alternance de journées relativement pluvieuses mais avec une pluviométrie moindre que la pluviométrie habituelle et une hausse spectaculaire des températures et du nombre de journées ensoleillées entrainant un réveil plutôt rapide et précoce de la végétation.

J’ai soigné mon repérage cette année et j’ai surveillé l’avancement de la végétation et l’humidité au sol. Première constatation, même si le temps a été sec et ensoleillé une partie de mars, les secteurs humides ne sont pas tout secs comme en 2013. La pousse des morilles coniques ne sera pas si en avance que cela mais la végétation sera plus avancée ce qui rendra leur recherche un peu plus compliquée. En fonction des prochaines conditions météorologiques, il n’est pas exclu que les saisons des morilles coniques et des morilles blondes ou vulgaires se chevauchent en grande partie.

Côté végétation, on constate que les perce-neige et les nivéoles sont en fleur tandis que …

Les perce-neige sont en fleur et formes de jolis tapis.
Les perce-neige sont en fleur et forment de jolis tapis.
Les nivéoles forment de jolies touffes fleuries.
Les nivéoles forment de jolies touffes fleuries.

… les plantes typiquement printanières fleurissent :

Une belle fleur de jonquille.
Une belle fleur de jonquille.
Les anémones des bois fleurissent également.
Les anémones des bois fleurissent également.
Les ficaires fausse renoncule commencent à fleurir également.
Les ficaires fausse renoncule commencent à fleurir également.
Les pervenches fleurissent également comme en avril.
Les pervenches fleurissent également comme en avril.
Les pulmonaires débutent également leur floraison comme en avril ou mai.
Les pulmonaires débutent également leur floraison comme en avril ou mai.
Plus rares, les violettes blanches forment de beaux tapis fleuris.
Plus rares, les violettes blanches forment de beaux tapis fleuris.

Lors d’un week-end, invité par un internaute dans le Jura et juste avant mon départ dans le Sud-Ouest, j’ai également pu voir que la lathrée écailleuse commençait à sortir. Ce sera un indicateur précieux pour lui lors de la recherche de morilles coniques.

La lathrée écailleuse, Lathraea squamaria est une plante indicatrice de premier choix pour la recherche des morilles.
La lathrée écailleuse, Lathraea squamaria est une plante indicatrice de premier choix pour la recherche des morilles.

Une autre plante bio-indicatrice intéressante a également commencé à pousser : la mercuriale vivace. La recherche des morilles risque d’être compliquée car sa hauteur et sa densité sont déjà importantes.

La mercuriale annuelle, mercurialis perennis, une plante très appréciée des morilles blondes en particulier.
La mercuriale vivace, mercurialis perennis, une plante très appréciée des morilles blondes en particulier.

Je n’ai honnêtement pas d’idée et aucune donnée sur les conséquences de cet hiver si doux. Actuellement, je n’ai pas d’inquiétude sur la saison, la pluie et le fort rafraichissement annoncés pour ce week-end du 22 mars sont parfaits. L’humidité au sol ne s’est pas envolée comme l’an passé.

Si les premières pézizes écarlates commencent à vieillir et à sécher en raison du soleil…

Une vieille pézize écarlate, Sarcoscypha coccinea, commence à bien vieillir et à sécher.
Une vieille pézize écarlate, Sarcoscypha coccinea, commence à bien vieillir et à sécher.

… de jeunes spécimens apparaissent…

De jolies jeunes pézizes écarlates, Sarcoscypha coccinea, continuent de pousser malgré le soleil et l'absence de pluie.
De jolies jeunes pézizes écarlates, Sarcoscypha coccinea, continuent de pousser malgré le soleil et l’absence de pluie.

… et là où ces exemplaires juvéniles apparaissent, on peut voir que la terre est encore bien humide.

Un sol encore bien humide là où croissent les pézizes écarlates -Sarcoscypha coccinea, malgré le soleil et l'absence de pluie.
Un sol encore bien humide là où croissent les pézizes écarlates -Sarcoscypha coccinea, malgré le soleil et l’absence de pluie.

C’est le temps prévu pour les jours suivants qui va être déterminant. Comme souvent avec les morilles, c’est la parfaite adéquation entre le début des pousses et le temps qu’il fait qui produit, grâce à une parfaite synchronisation, de belles années à morilles.

J’aurai la tendance définitive de cette saison des morilles 2014 dans quelques jours, lors de mes nouvelles visites de mes stations, à mon retour du Sud-ouest de la France !

Auteur/autrice : theLJL70

Un petit peu de moi, un résumé, un raccourci... Pour en savoir un peu plus, n'hésitez pas à consulter cette page : A propos

10 réflexions sur « Que nous réserve la saison des morilles 2014 ? »

    1. Je vais attendre la fin des fortes gelées nocturnes et la fin de la petite bise que l’on a pour aller visiter mes stations. Un peu de pluie ou mieux une succession de dépressions pluvieuses seraient parfaites. Le terrain reste humide mais pas assez mouillé pour les morilles !

  1. Ouah ce site est fort intéressant! J’espère que la cueillette sera bonne cette année!
    Pour ma part j’ai trouvé 1 morille blonde (clade esculenta) lundi dernier. Une seule! Moi qui croyait que ce champignon poussait rarement seul… D’ailleurs j’ai eu un petit problème : je l’ai mise à sécher en rentrant de ma modeste cueillette, comme elle était grosse (17cm de longueur) je l’ai coupéz en 4, et aujourd’hui en rentrant du travail quel spectacle horrible! : Les 4 bouts étaient en train de se faire dévorer par des vers blancs! Bon sang en la coupant deux jours plus tôt j’avais pourtant regardé s’il n’y avait pas de bestioles logeant dans mon précieux champignon : je n’ai remarqué qu’un scolopendre et 2 ou 3 espèces de toute petites limaces… J’avais coupé le pied terreux mais j’en avais gardé un morceau parce que j’ai lu qu’on pouvait le manger, les vers étaient-ils là, dans le reste du pied que j’avais décidé de laisser, et ma morille serait-elle encore intacte si j’avais coupé tout le pied? Comment faire pour être sûr qu’il n’y a de vers et faire en sorte qu’au bout de 2 jours de séchage on ne retrouve pas sa pauvre morille infestée par les vers? C’est un tel gâchis, j’ai pourtant lu plein de trucs sur le séchage sur internet, je voulais faire cela soigneusement… Si je n’ai pas vu les vers, est-ce parce quand je l’ai mise à sécher ils étaient encore des œufs microscopiques? Ah j’aimerais tellement qu’une telle tragédie ne se reproduise plus…

    1. Bonsoir,

      Les œufs n’étaient probablement pas éclos. Je sèche les morilles rapidement avec un appareil, jamais de problème de ce genre. Pour ma part, aucune morille à mon actif cette année en raison de la sécheresse et de températures quasi estivales. On verra bien pour la suite de la saison et s’il pleut un jour…

      1. Bonjour,

        Ah oui ce doit être cela, merci pour votre conseil! :) il ne me reste plus qu’à acheter un désydrateur; j’ai croisé aussi sur un site le nom d’un autre appareil se finissant en -eur qui sert aussi à sécher les aliments je crois mais je n’arrive pas à me souvenir de son nom et je ne parviens pas à retrouver le site d’où il provient… Auriez vous une idée de ce que ça pourrait être?

        Hier je suis allé faire une balade pour chercher des morilles mais je crois que le terrain était trop acide car j’ai croisé des châtaigniers et des myrtillers … il faut que je me procure une carte géologique du coin et un pH mètre…

        1. Bonjour,

          Le nom que vous cherchez c’est « dessiccateur »… c’est ce que j’utilise pour sécher mes champignons depuis quelques années et ça fonctionne à merveille :)

          Sinon ici en Savoie, nous n’avons pas encore trouvé une seule morille… mais je ne perds pas espoir :)

  2. Bonjour
    je découvre votre site, et le blog de terra Morchellarum, .Je suis aussi un passionné de morilles et j’habite le Loiret.
    Oui, il s’agit bien d’un dessiccateur,(suite à votre discution) très pratique et rapide pour éviter les mauvaises surprises (vers) .
    Morilles 2014, pour les régions de plaine, cela semble bien compromis, l’absence de froid
    Et les températures très élevées pour un début Avril, font que les rares morilles sont déjà véreuses, mais attendons la fin de la saison pour épiloguer,
    Il semble que les régions montagneuses à sols calcaire soient mieux loties, est ce le froid et la neige qui font la différence ? J’aimerai bien être dans la peau d’une morille pour vous en parler….

  3. Bonjour,

    malgré de nombreuses recherches, nous n’avons pas réussi à trouver de station à morilles précoces cette année au mois de mars en Lorraine.
    Nous avons donc attendu la période favorable pour notre station habituelle composée de frênes. Nous pensions qu’elles pouvaient sortir entre le 2 et le 10 avril à la lune montante. Une première sortie le 2 avril fut bien décevante avec un sol très sec et aucune morille en vue… Nous pensions alors que sans pluie, toute pousse était impossible. Le doute et l’envie nous ont conduit aujourd’hui à nous y rendre de nouveau, et c’est environ 2 kilos de morilles blondes et quelques grises que nous avons cueilli. Nombre d’entre elles ont commencé à sécher sur pied, certaines ont bénéficié d’une croissance normale, mais la plupart restent des petits sujets manquant d’eau pour pousser.

    1. Bonjour,

      Ici avec la sécheresse, aucune morille conique n’a pointé le bout de son chapeau. Les entolomes de printemps qui clôturent la saison en plaine et à basse altitude arrivent déjà. Je n’ai pas vu de pézizes veinées non plus cette année. L’année 2014 est pour l’instant encore plus décevante que l’année 2013 qui était déjà médiocre. S’il ne pleut pas rapidement, il n’y aura pas de morilles blondes non plus.

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