Il n’est pas interdit de temps en temps de succomber au plaisir de la table et au plaisir de la cueillette. Cette semaine, j’ai ramassé quelques chanterelles, histoire de faire plaisir à certains.
Il faut dire qu’avant de réaliser cette cueillette, j’étais allé dans cette partie de bois peu fréquentée afin de réaliser quelques clichés de champignons. En effet, même si la forêt n’est pas très belle, elle abrite, en plus d’une station de chanterelles assez impressionnante, une belle diversité de champignons.
Vous remarquerez que j’utilise le mot chanterelle plutôt que girolle, tout simplement parce que c’est le mot employé localement pour désigner les différentes espèces de girolles en général, ainsi qu’une bonne partie des craterelles, à l’exception de la plus connue, la trompette de la mort.
Certains disent que chanterelle serait l’évolution d’un mot en patois utilisé en Franche-Comté et qui aurait donné par la suite, lors des premières classifications, le mot en latin Cantharellus… (Vous pouvez lire cette page à ce propos).
Le biotope ici est intéressant, cette portion de forêt est humide grâce à de nombreuses sources et ruisseaux, abritée du vent et du froid et n’est pas en plein soleil, mais en bénéficie malgré tout pendant la journée. Résultat, une belle diversité fongique et une station à chanterelles vaste et dense.
Vous pouvez vous faire une idée du biotope grâce à la vidéo de la récolte ci-dessous.
La zone est assez herbeuse du fait de coupes d’éclaircissement sévères. Une bonne partie des chanterelles aiment se réfugier dans l’herbe et sous les ronces ou branches à terre.
Bien souvent, il faut dégager la végétation des mains pour découvrir ces chanterelles cachées.
Le secteur est constitué pour l’essentiel de gros chênes et de hêtres. Sur les parties moins herbeuses, on rencontre également les chanterelles. Elles sont massives, plus pâles que la girolle type – Cantharellus cibarius et présentent de petites squamules violettes pouvant aller vers le brun sur le chapeau : il s’agit de la chanterelle ou girolle améthyste – Cantharellus amethysteus qui se plaît sur ce type de terrain acide et humide. Moins précoce et thermophile que Cantharellus cibarius, on la rencontre souvent ici jusqu’au premières grosses gelées.
La station est tellement productive et importante que je n’en ai finalement prélevé qu’une petite partie afin de contenter certains amateurs. La récolte totale fera environ 1,6 Kg, ce qui est bien en dessous de la limite autorisée par ici qui est tout de même de 2 Kg par jour et par personne.
Ce secteur cache de nombreuses espèces de champignons, dont 2 autres espèces de chanterelles intéressantes :
La chanterelle de Fries – Cantharellus friesii, une chanterelle qui atteint souvent ici une taille impressionnante, reconnaissable à sa couleur abricot assez vive et à des tons roses sur son stipe.
La chanterelle sinueuse – Craterellus sinusous : un champignon magnifique, que je trouve par ici sous différentes variétés.
Et pour finir sur une note un peu poétique. Voici une fable peu connue de Jean de la Fontaine : « La chanterelle, le crapaud et le bousier ». Fable qui n’existe pas bien sûr, mais que la nature m’a racontée. Mais l’histoire ne dit pas comment cela s’est terminé ! Qui a mangé qui ? Le bousier d’Europe a-t-il mangé les chanterelles avant que le crapaud ne le dévore à son tour ?