Alors que tout le monde commence à paniquer en raison des conditions météo que nous connaissons dans l’Est de la France et commence à penser que la saison est compromise, je me décide enfin à aller prospecter à la recherche des morilles et des hygrophores de Mars.
Nous sommes début avril, et sauf année exceptionnelle et rarissime, je ne trouve jamais mes premières morilles avant le 3 ou 4 avril. Mes morilles semblent avoir une horloge biologique réglée comme du papier à musique pour se décider à pointer le bout de leur cône.
En fait, et contre toute attente si on s’en tient uniquement à la météo, les conditions sont plutôt favorables pour une saison de morille exceptionnelle :
– courant mars, nous connaissons une lente fonte de la neige, suivie d’une bonne période de pluie et d’une période printanière propice au réveil végétal lent et progressif.
– cette période est interrompue par une période de grisaille pendant laquelle les températures chutent, le vent d’est souffle, mais cette période est entrecoupée de période de petites pluies ou de neige aptes à entretenir une certaine humidité sur la couche superficiel du sol.
– depuis quelques jours, nous connaissons une période plus ensoleillée, toujours venteuse, mais avec des températures plus clémentes. J’en profite pour réaliser quelques mesures au sol car ce soleil de fin mars, tout début d’avril, dispense des rayons déjà bien puissants. Mes mesures me donnent une température de 19°C au sol, idéale pour la sortie des morilles.
En surfant un peu sur le net, je constate que la progression de la pousse des morilles est conforme aux autres années : elle progresse logiquement et lentement du sud vers le nord dans notre hémisphère que ce soit en Afrique puis en Europe ou en Amérique du Nord.
Ce dimanche 7 avril, je tente une première prospection entre 450 m et 600 m d’altitude dans des zones relativement humides où le sapin des Vosges est largement représenté. Je ne trouve ni morilles, ni hygrophores de Mars. Je ne remarque que la présence des quelques collybies attachées à leur cône qui ont tendance à se dessécher en raison du vent d’est persistant.
Ce lundi 8 avril, on annonce enfin la pluie, elle arrive en tout début d’après-midi alors que je prospecte plus haut entre 600 m et 700 m d’altitude.
J’explore différents secteurs dans lesquels le sapin des Vosges reste très fréquent. J’ai beau varier les biotopes, ma quête aux hygrophores et morilles reste vaine.
Au passage, si vous ne savez pas distinguer les épicéa des sapins, ces jeunes pousses permettent de savoir à quelle essence nous avons affaire. La couleur argentée et l’aspect peu écailleux des troncs de sapins des Vosges, lorsqu’ils ne sont pas masqués par les mousses ou le lichen sont également caractéristiques.
J’en suis quitte pour rentrer trempé et frigorifié, la limite pluie – neige se situe à peine à 800 m environ.
Ce mardi 9 avril, cela fait 24 heures qu’il pleut. Je suis convaincu que le seul élément qu’il manquait pour déclencher une véritable première pousse était la pluie.
Je me rends donc, en début de soirée, sur un de mes secteurs à morilles coniques habituellement précoce situé à seulement 350 m d’altitude. C’est un biotope très particulier, au sol alluvionnaire, pauvre en lierre, frênes ou sapin, mais à la caractéristique « sucrée » que les morilles semblent apprécier, constitué majoritairement d’arbustes de la famille des Rosacées.
C’est ainsi que j’ai eu la chance de voir apparaître mes premières morilles coniques. C’est le tout début de pousse, elles sont encore minuscules pour certaines. C’est avec précaution, de peur d’en écraser, que j’ai progressé dans cette station afin de les photographier et les filmer rapidement entre deux averses.
Je n’ai rien cueilli, je suis adepte des cueillettes raisonnées, il sera temps de se faire plaisir plus tard, surtout que mes autres stations vont commencer à produire dans 48 ou 72 heures.
A noter que j’ai rencontré plusieurs petites morilles à l’aspect différent : la base du stipe est plus large, d’une couleur crème, mais plus foncé que celle des morilles coniques et dont le chapeau est arrondi.
Ces champignons sont encore trop petits pour une identification certaine, mais ils me font penser à la morille vulgaire – Morchella esculenta, même si je n’exclus pas la possibilité de morilles coniques aux formes atypiques. Il faudra attendre quelques jours pour y voir plus clair, lorsque ces champignons auront bien grandi.
J’en profite pour vous faire découvrir une petite vidéo de ce tout début de pousse, réalisée à la nuit tombante, sous un ciel chargé.
Une fois de plus, je suis rentré trempé, mais la saison des morilles 2013 vient enfin de débuter avec quelques jours de retard.