Avec le printemps en avance, la visite d’une de mes stations à morilles coniques me démangeait.
Je fréquente depuis quelques années une belle station à morille précoce. Généralement, elle me donne la tendance et pas mal d’indices.
Je vous le dit tout de suite, cette première sortie de la saison des morilles 2014 s’est soldée par aucune morille, mais cela permet d’y voir plus clair. Les morilles, c’est comme un bon film, il faut que tous les éléments se mettent en place :
– Le décor : un secteur bien exposé qui se réchauffe rapidement. Ici, il est constitué essentiellement de trembles et de quelques autres essences. Son inconvénient est qu’il est exposé au vent. En cas de bise soutenue, les morilles se dessèchent rapidement et la pousse peut stopper aussi vite. Autre inconvénient, il conserve moins bien l’humidité. En cas d’absence de pluie, la sécheresse se fait vite sentir.
– Les acteurs : les autres champignons du secteur me donnent quelques indices sur l’avancement et l’état des lieux.
- Les tubaires sont bien présentes et en nombre important. Champignon hygrophane, leur chapeau blanchit dès que l’humidité baisse puis reprend ses belles couleurs après chaque pluie. je vous en ai déjà parlés ici, là, avec une petite vidéo.
- Les oreilles de judas sont sur mes secteurs vosgiens moins présentes que sur les terrains calcaires. Cette année, leur pousse est importante, leur taille est déjà belle et elles ne manquent pas d’eau. Les mauvaises années, elles sont quasi-inexistantes, complètement sèches pour les rares spécimens qui ont commencé à pousser.
- Les trémelles sont déjà largement présentes, ainsi que pas mal d’autres champignons, signe que la nature se réveille.
– La musique : les oiseaux cherchent à nicher, les bourgeons sont prêts à éclore, l’herbe commence à se développer, les taupes s’en donnent à cœur joie. A force de fréquenter ce secteur, je remarque qu’il manque encore quelques jours pour que les conditions soient optimales.
Les jonquilles sont prêtes à fleurir tout comme les forsythias . Les choses peuvent évoluer rapidement, il n’y a qu’à admirer ces perce-neige, photographiés à quelques jours d’intervalle.
Les premières jonquilles et forsythias en fleur annonceront sans aucun doute les premières morilles.
– Le réalisateur : Dame Nature. On ne sait pas ce qu’elle nous réserve. Depuis un moment, elle alterne période de pluie, période ensoleillée, température printanière et température plus fraîche. La limite pluie-neige oscille en permanence entre 850 et 900 m, ce qui est élevé pour la saison, mais qui me rappelle que nous sommes encore en hiver.
Toutes les conditions sont presque réunies pour démarrer la saison des morilles coniques par ici. Ce n’est plus qu’une question de quelques jours et je saurais si l’on a affaire, cette année 2014, à un grand film.
En attendant, je vous souhaite à tous une excellente saison aux morilles car, comme vous le savez certainement, dans le calendrier des chercheurs de morille, l’année commence avec les premières morilles.